Je viens de terminer Chicago Requiem de Carine Foulon, il est donc temps de partager mes impressions avec vous!
Tout d’abord, merci à l’auteure de m’avoir transmis un SP de son premier roman en échange d’une chronique honnête.
Le roman relate un drame familial qui a pour toile de fond le Chicago des années 20. Le Chicago mafieux et corrompu, le Chicago d’Al Capone et de ses rivaux, de la prohibition et du crime. C’est une histoire de folie et de vengeance, d’amour et de trahison. Meredith Henderson, bien qu’issue d’une famille fortunée et influente, vient de passer cinq ans en prison, grace notamment au témoignage de son frère, William. Une fois sortie, elle ne rêve que d’une chose, détruire le bonheur de ceux par qui elle s’est sentie humiliée et qu’elle rend responsable de son incarcération.
Les prémices de l’histoire sont donc intéressantes, un drame familial dans un contexte historique plein de tension, marqué par le vice, c’est forcément alléchant. Les premières pages posent le décor, les nombreux protagonistes sont présentés, avec beaucoup de détails. Il est un peu compliqué de s’y retrouver au début, de fixer les liens entre les personnages et saisir la cohérence de l’intrigue. Mais assez vite, les fils de cette dernière se resserrent et les choses s’éclaircissent.
Au fil des pages on suit la descente aux enfers de toute une famille, victime de la folie vengeresse de sa membre excommuniée. L’intrigue est menée tambour battant, et la tension va crescendo.
L’auteure maitrise la langue, sa narration est propre, précise. Néanmoins cette application dans l’écriture donne par moments des dialogues maladroits, qui ne sonnent pas tout à fait juste, comme si on sentait trop l’effort d’écriture et de détail sous-jacent. On perd en naturel en somme. Cela n’empêche toutefois pas l’histoire d’être prenante, notamment grâce à son casting haut en couleurs.
Certains personnages, William et Susan pour les nommer, sont très complexes, trop parfois. La multiplicité des points de vue employés permet de nuancer le jugement qu’on peut se faire d’eux. On les découvre emplis d’hésitations, de doutes et de contradictions. Cela les rend plus humains, cependant leurs choix et revirements sont parfois difficiles à suivre. Leurs sentiments semblent constitués d’un empilement d’émotions qu’il faut gratter une à une pour en saisir le cœur. Cette complexité est à double tranchant: elle contribue à rendre les personnages réalistes mais à force de contradictions dans un laps de temps trop court, on les perd un peu, on n’arrive plus à saisir leur essence. Un personnage néanmoins semble particulièrement résister à toute ambivalence, c’est Meredith. Animée par la haine, l’orgueil et la cruauté, elle semble concentrer en elle tout le vice et le mal possibles. A l’inverse, d’autres protagonistes semblent dénués de tous défauts, très lisses, sans doute parce qu’ils sont finalement assez secondaires.
Le tout donne un roman dense et prenant, où l’action se déploie rapidement, un vaudeville noir. Des débuts romanesques encourageants!